
Clément Guichard
6 décembre 2018,
temps de lecture : 3min
Mauvais diagnostics, blessures non détectées, rééducations compliquées…le staff médical des Spurs n’est plus ce qu’il était.
Depuis la crise Kawhi Leonard la saison dernière, un élément de l’organisation des Spurs commence à être sérieusement remis en cause : le staff médical.
Peu d’informations ont fuité concernant la fracture entre Kawhi Leonard et les Spurs. Mais une chose est sûre. Kawhi avait perdu confiance en la capacité du staff médical de la franchise à gérer sa blessure et sa rééducation. C’est apparemment pour cette raison qu’il a décidé de quitter le groupe pour aller traiter sa blessure à l’extérieur avec des professionnels sélectionnés par lui et son entourage. De l’autre côté, le management des Spurs a soutenu tout le long de la crise le staff médical, malgré les accusations de Leonard.
Mais il faut reconnaitre que si la gestion d’une blessure est à chaque fois différente en fonction des joueurs, de la manière dont elle est contractée, et de la capacité du joueur à se rééduquer plus ou moins rapidement, plusieurs rapports montrent que le staff médical de San Antonio n’est plus aussi irréprochable que par le passé.
Pourtant, au sein de la sphère NBA, le staff médical et les préparateurs physiques de San Antonio ont longtemps possédé une excellente réputation. Ils étaient connus pour avoir l’expertise nécessaire permettant de rallonger les carrières de joueurs vétérans qui semblaient sur la pente descendante. On peut penser à Michael Finley, Bruce Bowen, Robert Horry ou encore Antonio McDyess. Durant la période du Big Three de Duncan, Parker et Ginobili, rares ont été les blessures longues qui ont handicapé l’effectif et limité les options de Popovich. Lorsque Duncan s’est blessé au genou de manière récurrente vers les saisons 2008-2009 et 2009-2010, il semblait que sa carrière était définitivement sur la pente descendante. Pourtant, le staff des Spurs est parvenu à préserver ses genoux et lui a offert une fin de carrière exceptionnelle. Il a squatté les « All NBA teams » et « All NBA defensive teams » jusqu’à ses 38 ans et son avant dernière saison dans la ligue, en 2014-2015.
Ces derniers temps, de nombreux cas remettent en cause cette réputation. Tout d’abord Kawhi Leonard qui accuse le staff médical d’avoir mal diagnostiqué sa tendinopathie quadricipitale, puis d’avoir mal géré sa rééducation, en exigeant de lui qu’il revienne trop vite sur le parquet. Puis, Danny Green a annoncé début juillet, à la suite du trade à Toronto, qu’il avait joué toute la saison passée, blessé, avec une déchirure à l’aine qui n’avait pas été détectée. Si lui n’accusait pas particulièrement le staff des Spurs, et ne faisait que constater, il ajouta par la même occasion, qu’il comprenait pourquoi Leonard avait demandé un avis extérieur. Lors de la pré-saison 2018-2019, les blessures à quelques jours d’intervalles de Dejounte Murray (ligaments croisés du genou, blessé pour la saison), de Derrick White, et du rookie Lonny Walker, sont peut-être des coïncidences mais restent intrigantes. Enfin, le dernier cas est celui de Pau Gasol. Absent depuis le 7 novembre, le staff de San Antonio est incapable de dire quand il sera remis. Aucun ordre de grandeur (jours, semaines, mois) n’a été précisé. Pire, le staff de San Antonio a admis avoir mis plus d’une vingtaine de jours pour correctement diagnostiquer ce qui est en fait une fracture de fatigue contractée au pied droit.

Depuis quelques temps, l’histoire se répète et les signes ne sont pas positifs. Au-delà des mauvaises performances des Spurs sur le terrain cette saison, le staff médical ne semble pas non plus à la hauteur. Cela crée de vrais problèmes au sein de l’effectif. La confiance donnée au staff doit être affaiblie. On peut imaginer qu’avec un staff comme ça, les joueurs ne sont pas non plus aidés pour atteindre leur meilleur niveau physique. Dans un sport professionnel où la condition physique est un élément essentiel dans la recherche de la performance, cela peut handicaper une équipe.
Le staff médical n’est pas responsable de tous les maux, mais est clairement en partie responsable du déclin des Spurs. Ce qui était une force est devenu une faiblesse. Cela n’augure rien de bon pour la suite, et on est en droit de s’inquiéter quant à la rééducation de Dejounte Murray.
Historiquement, les franchises sont très discrètes et secrètes quand il s’agit de la manière dont ils traitent les blessures. Que toutes ces histoires soient si bien connus du grand public renforce l’idée qu’il y a un réel problème à San Antonio. A voir si RC Buford, le GM des Spurs, et Popovich peuvent travailler pour rendre sa splendeur d’antan au staff médical. Sous peine de continuer à être une balle dans le pied des Spurs pour un bon moment.