
Clément Guichard
8 février 2019,
temps de lecture : 7min
Aujourd’hui : Atlanta, Boston, Brooklyn, Chicago, Cleveland et Dallas.
La deadline des trades NBA a été très mouvementée cette saison. Fixé au 7 février dernier, elle a vu une large augmentation des flux par rapport à l’année dernière. Que ce soit de gros trades qui redistribuent les cartes pour la fin de saison, des plus insignifiants pour des économies financières, ou encore ceux qui préparent d’ores et déjà l’intersaison estivale, presque toutes les franchises se sont activées sur le marché.
Vingt-quatre des trente équipes ont réalisé au moins un mouvement d’actif (joueur, tour de draft, argent…). Charlotte, Denver, Golden State, Minnesota, San Antonio et Utah sont les seules équipes qui n’enregistrent pas le moindre mouvement. Si certaines, comme Golden State et San Antonio, sont habitués à très peu bouger durant cette période de l’année, d’autres, comme Charlotte et Minnesota, ont tenté par tout les moyens de trouver des accords qu’ils ne sont pas parvenus à finaliser. Les Hornets étaient notamment à deux doigts de récupérer Marc Gasol, le gros poisson du marché avant de se faire devancer par les Raptors.
Le plus gros des poissons n’aura finalement pas bougé. Anthony Davis, qui a fait une demande de transfert à sa franchise de toujours en janvier, et a affiché sa volonté d’aller aux Lakers, sera un Pelican jusqu’à la fin de la saison. Malgré l’agressivité des Lakers lors des derniers jours avant la deadline, les Pelicans sont conscients qu’ils auront une meilleure position cet été lorsque Boston pourra s’insérer dans les négociations.
Voici un recap équipe par équipe des différents mouvements réalisés auxquels j’associe une petite analyse. C’est parti pour les six premières franchises !
Atlanta Hawks
Les Hawks sont prêts à prendre leur temps pour construire autour de Tray Young et John Collins. Il a été pensé un moment que Mack resterait en Géorgie pour faire la rotation de Young, apporter son expérience et ainsi contribuer au développement de Young. Mais il a été coupé quelques heures après, et a signé avec les Hornets pour la fin de la saison.
Idem pour Jabari Bird, qui a été immédiatement coupé à la suite de son transfert. Lui, qui n’a pas joué une seule minute avec Boston, et qui a eu de graves problèmes extra-sportifs, risque de voir sa carrière NBA s’arrêter avant même d’avoir commencé. Atlanta récupère dans ce trade un peu d’argent et envoi un second tour sous condition qui ne devrait pas trop leur manquer.
Les Hawks continuent de jouer la lotterie à la draft tout en développant tous leurs jeunes joueurs. Cette deadline le confirme. On aurait pu imaginer que Ken Bazemore trouve une destination de départ, étant donné son statut de bon vétéran shooteur à trois points et défenseur. Mais aucune rumeur n’a fait surface.
Boston Celtics
La trade deadline de Boston était très attendu.
Tout d’abord parce que, malgré un effectif jeune et talentueux, les Celtics ne sont pas au niveau que chacun espérait. A plus de cinq matches de la première position de la conférence est, leur saison est pour l’instant une déception.
Une situation sportive, qui, ajoutée aux différents problèmes au sein de l’effectif (cf, les sorties de Kyrie Irving), commencent à frustrer du monde du côté de Boston.
Ensuite, la situation Anthony Davis vient amplifier la pression sur les Celtics. Ils souhaitent plus que tout le voir rejoindre le Massachusetts l’été prochain, ce n’est pas un secret. Davis a officiellement annoncé qu’il souhaitait quitter les Pelicans pour aller dans une équipe qui joue le titre, en précisant qu’il privilégiait les Lakers pour la suite de sa carrière. Cette annonce est arrivé à un moment où les Celtics n’ont pas les capacités de proposer quoi que ce soit à la Nouvelle Orléans. Ils ont dû se réduire à prier pour que les Lakers ne trouvent pas un accord avant la deadline.
Rajoutons à cela les gros mouvements d’effectif de ces derniers jours opérés par ses concurrents directs au sein de la conférence Est. Boston avait la pression et se devait de répondre.
Et Boston n’a rien fait. Sans doute parce que Danny Ainge ne pouvait rien faire d’autre que de se débarrasser de l’épine dans le pied de Boston qu’était Jabari Bird. Mais cette épine était finalement insignifiante au vu de l’ampleur des problèmes que Boston doit surmonter.
La fin de saison va être tendu pour les Celtics. Pour l’instant tête de série numéro cinq, une sortie au 1er tour des Playoffs serait catastrophique pour une franchise qui incarnait le futur de la NBA il y a encore moins d’un an.
Brooklyn Nets
Brooklyn avance doucement mais surement.
Pour la première depuis le terrible échange avec Boston à l’été 2013, les Nets possèdent tous leurs tours de drafts. Petit à petit, ils se remettent à l’endroit. Auteur d’une superbe saison jusque-là, Brooklyn poursuit sa reconstruction. Les développements de Russell, Dinwiddie, Allen et Levert (malgré sa blessure), encadrés par le GM Sean Marks et le coach Kenny Atkinson, offrent de vrais motifs d’espoir pour le futur. Cette équipe est enthousiasmante, fraîche et fun. C’est la belle surprise de l’année avec Sacramento.
Dans la lignée des bonnes décisions prises ces dernières années du côté de Brooklyn, le trade de Greg Monroe est une trade sans risque. En fin de contrat cet été, il a d’ailleurs été coupé dans la foulée et rejoint la liste des joueurs sur le marché des buy-out.
En envoyant un peu d’argent à Toronto, Les Nets se récupèrent donc surtout un second tour de draft pour presque rien. Les Nets qui accumulent les tours de draft, qui aurait crû cela il y a trois ans ?
Chicago Bulls
Chicago est officiellement le centre de déchetterie de cette deadline des trades.
Dans un objectif clair de tanker ces prochaines saisons pour récupérer des jeunes joueurs et entourer Lauri Markannen, (et peut-être) Lavine, et Dunn, Chicago a été prêt à récupérer les indésirables de chacun pour grapiller du cash et se débarrasser des joueurs qui leur posaient problèmes.
Carmelo Anthony a été évidemment coupé et rejoint un marché des buy-out qui semble être sa dernière chance de poursuivre en NBA. Carter-Williams, Luwawu-Cabarrot et Diebler ont des contrats faibles (tous trois inférieurs à 2 millions de dollars) et seront agents libres cet été.
Le trade qui fait arriver Otto Porter dans l’Illinois est bien différent. Il pose ses valises à Chicago avec un contrat de 106 millions de dollars sur 4 ans, signé durant l’été 2017. Les Bulls ont décidé de faire un pari sur lui. Toujours jeune (25 ans), il avait besoin de quitter l’ambiance toxique des Wizards pour retrouver son niveau affiché il y a un an. En contrepartie, les Bulls envoient deux jeunes joueurs, Parker et Portis, dont les contrats expirent cet été. Vu leurs prestations individuelles encourageantes cette saison, les Bulls savaient qu’ils auraient été tous les deux gourmand en salaire. Ils ont préféré donc les utiliser pour obtenir un joueur plus fiable, installé en NBA et qui a un contrat l’engageant sur plusieurs années.
Avec ses moves, les Bulls ont protégé leur salary cap cet été. L’arrivée de Porter, un shooteur-défenseur, profil rare en NBA, peut constituer un élément de plus sur lequel le management peut se reposer pour construire l’avenir des Bulls.
Cleveland Cavaliers
Cleveland continue son dégraissage.
Après George Hill et Kyle Korver un peu plus tôt en début de saison, les Cavs ont maintenant réussi à se débarrasser de Rodney Hood, et Alex Burks. Comme les Bulls, les Cavs sont prêts à récupérer les rebuts des autres franchises pour accumuler les tours de drafts et se débarrasser des joueurs qu’ils ne voient pas s’intégrer au projet crée autour des jeunes Collin Sexton et Cedi Osman.
Cleveland, n’attendant absolument rien de cette saison, s’est plutôt bien débrouillé. Un premier tour de draft pour cet été, et trois seconds tours de draft, est un bon bilan pour une équipe qui chasse précisément les tours de draft. Et au vu de la situation de Houston cette saison, les Cavs sont en droit d’espérer que ce premier choix se retrouvent dans le top 20. Ce qui serait une victoire à leurs yeux.
Il est peu probable que les joueurs récupérés aient un avenir chez les Cavs. Chriss, Stauskas et Baldwin sont des joueurs qui n’ont jamais réussi à percer en NBA et survivent grâce à leurs contrats. Mais si il y a bien un endroit et un moment où ces joueurs auront une chance de se montrer et de convaincre, c’est sûrement lors de cette fin de saison à Cleveland.
Knight, lui, possède un contrat significatif ($14-15 millions par saison) qui arrive à échéance à l’été 2020. Incapable de rester en forme, sa carrière, minée par les blessures, commencent à se transformer en un gros point d’interrogation. Vu sa situation, il est actuellement impensable de le voir à Cleveland au-delà de son contrat actuel. Mais, au moins, comme pour les autres jeunes cités précédemment, il aura peut être l’occasion de remontrer à la ligue toute l’étendue de son talent chez les Cavs. Et ainsi sauver sa place en NBA.
Dallas Mavericks
Dallas vient de réaliser le deuxième plus gros coup de cette trade deadline en obtenant la licorne lettonne, le grand et talentueux Kristaps Porzingis. Reconnu comme digne héritier de Nowitzki depuis ses débuts en Espagne, Rick Carlisle va avoir le privilège d’associer les deux plus grands espoirs européens actuels : Doncic et Porzingis.
Porzingis est toujours blessé et ne jouera pas avant la saison prochaine. Mais déjà Cuban, le proprio un peu dingue des Mavs, se réjouit de la future association entre ses deux pépites. C’est pourquoi les Mavericks n’ont pas eu peur d’envoyer deux premiers tours de draft pour récupérer Porzingis. Ils sont convaincus (et on probablement raison) que ces tours de draft n’auront plus trop de valeurs quand Doncic et Porzingis auront muri et qu’ils constitueront un des tout meilleurs duos de la NBA.
Ce trade a aussi provoqué le constat suivant : En laissant partir 3 de ses vétérans aux contrats élevés, (Matthews, Jordan et Barnes) pour des jeunes joueurs (Hardaway et Jackson), Dallas laisse tomber cette saison pour se concentrer pour la suivante.
Randoplh n’a pas joué de la saison et ne rejouera surement plus. Il est en fin de contrat cet été et prépare déjà sa retraite. On est également en droit de se demander si Lee, Burke et Hardaway ont un futur dans cette franchise. Il semble que ces joueurs ait été davantage un pack qui accompagne Porzingis en raison des différentes règles qui légifèrent les transferts (l’équilibre des salaires dans une transaction, les limites du nombre de joueurs par effectif), plutôt que des joueurs vraiment désirés.
Burke est agent libre cet été mais a fait une première partie de saison encourageante à New York. Hardaway et Lee possèdent encore deux ans de contrat et vont peut être jouer à Dallas jusqu’à l’échéance de leurs contrats. Les capacités aux shoot qu’ils apportent, restent intéressantes lorsque l’on doit composer une équipe autour de Doncic et Porzingis. Ils offriraient de l’espace pour les deux stars. Jackson est un potentiel à développer. Il a commencé à monter de bonnes choses cette saison à Sacramento, après des débuts décevants au vu de ses performances à North Carolina. Son physique longiligne et son QI basket supérieur à la moyenne, peuvent lui donner l’opportunité de devenir un très bon ailier de complément dans une équipe qui joue les Playoffs.
Ce qui a été réalisé par les Mavs lors de cette deadline devrait être approfondi dans un article futur. Ce duo Doncic-Porzingis fait saliver tous les fans du jeu. Pour l’instant, il reste à dire que si c’est un pari, car on ne sait comment va revenir Porzingis après sa blessure au genou, il peut s’avérer comme un des meilleurs paris jamais pris par Dallas. Doncic a déjà dépassé les attentes, le duo avec Porzingis pourrait les exploser.