Mondial 1990 : Le chef d’Oeuvre d’Oscar Schmidt en Argentine

Clément Guichard
7 avril 2020,
temps de lecture : 4min


Après des Jeux Olympiques 88 de Séoul stratosphériques, Oscar Schmidt débarque en Argentine en vue des Championnats du Monde 1990 pour confirmer son statut de star du basket mondial et garder le Brésil dans les toutes meilleures nations du monde. Deux défis durs à relever…mais rien ne semble impossible pour Oscar.


En arrivant en Argentine pour les Championnats du Monde 1990, Oscar Schmidt, dit la Mao Santa (la Main Sainte) au Brésil, a déjà écrit une grande partie de sa légende. A 32 ans, cet ailier de 2m05 a derrière lui une carrière longue de seize années et une réputation de scoreur exceptionnelle. Depuis son arrivée du Brésil en 1982 il a été sacré six fois meilleur marqueur de la très relevée ligue italienne avec son équipe de la Juve Caserta. Il fascine et étonne l’Europe du basket avec son shoot pur et vif, son talent naturel, son QI offensif et sa vivacité, combinaisons rares pour un joueur de cette taille à l’époque. Oscar Schmidt est une invraisemblance dans le basket FIBA des années 80 : la vitesse d’exécution de son tir, son toucher, sa capacité à tirer sur un ou plusieurs adversaires de tous les endroits du terrain sont à des niveaux que l’on n’a encore jamais vus.

Il a renversé encore un peu plus la planète basket deux ans plus tôt lorsqu’il atteint une moyenne hallucinante de 42.3 points par match lors des Jeux Olympiques de Séoul avec l’équipe nationale du Brésil. C’est un record qu’il devrait conserver très longtemps. Les Brésiliens finissent par perdre vaillamment 110-105, en quart de finale, face à la très grande équipe d’URSS, future victorieuse haut la main. Ce soir-là, Oscar plante 46 points.

Oscar Schmidt est donc très attendu lors de ces Championnats du Monde 1990 en Argentine. Si les Brésiliens ne font pas partis des favoris, les équipes adverses se montrent inquiètes lorsqu’il s’agit de prévoir un plan défensif pour contrôler Oscar. Désormais expérimenté, son jeu offensif est un poison pour la défense adverse. Souvent caché, isolé côté faible en début de possession, il attend l’instant opportun pour se démarquer du défenseur littéralement collé à lui. Une fois en possession du ballon, il n’a besoin que d’un drible maximum pour se trouver une position de shoot qui lui convient. Peu importe si le défenseur est en place devant lui, Oscar trouve sa zone préférentielle et son équilibre qui vont lui permettre de tenter un tir à haut pourcentage de réussite. Souvent un drible ne lui est même pas nécessaire. Excellent tireur en catch & shoot, que ce soit en sortie d’écran ou en transition, il n’hésite pas à se lever pour prendre un tir derrière l’arc qui ferait pâlir d’envie Stephen Curry. Il attaque rarement le panier, préférant prendre des petits tirs à deux, trois mètres lorsqu’il prend la position au poste. Il n’a d’ailleurs pas besoin d’aller jusqu’au panier pour scorer. Sa magnifique mécanique de tir remplit cette tâche toute seule.

Lors des deux premiers matches de poules face aux Italiens et aux Chinois il contribue grandement aux victoires de son équipe en marquant 25 et 35 points. En revanche, selon ses standards, il réalise un dernier match de poule décevant en inscrivant 18 points dans une défaite à l’arraché d’un point face aux Australiens. Le nombre de points est respectable mais il est inhabituel de voir Oscar marquer aussi peu. Il est également inhabituel de le voir tirer à un pourcentage aussi faible qu’il l’a fait face à l’Australie.

Les Brésiliens, premier de leur groupe malgré cette dernière défaite, tombe dans un groupe de la mort pour leur second tour : Yougoslavie, Grèce et URSS. Le Brésil n’est pas au niveau de ces montagnes du basket international et perd ses trois matches avec des marges significatives (-19, -15 et -10). Mais pendant que le Brésil coule, Oscar surnage et montre l’étendue de tous ses talents offensifs face à trois des meilleurs nations du monde. Il plante 34 points à la Yougoslavie de Kukoc, Petrovic et Divac, 35 à la Grèce et de nouveau 34 à l’URSS. Malgré l’élimination du Brésil, La Mao Santa a encore une fois impressionné la planète basket et ébahi le public avec ses tirs spectaculaires.

Il reste alors au Brésil des matches de classement pour l’honneur mais qui peuvent lui offrir une honorable cinquième place lors de ces Championnats du Monde. Cette cinquième place confirmerait la position du Brésil dans le gratin du basketball mondial, même si certaines nations, comme la Yougoslavie, l’URSS et les Etats-Unis, sont à un niveau supérieur.

Pour le premier match de classement, le Brésil retrouve l’Australie qui l’avait battu quelques jours plus tôt en première phase de poule. On s’attend à un match tout aussi serré que le premier et à un Oscar revanchard. Chose dû, chose faite pour le magicien brésilien. L’Australie se prend une déferlante offensive incontrôlable de la part de la Mao Santa. Touché par la grâce, Oscar inscrit 52 points, ballade une défense australienne dépassée et emmène à lui tout seul le Brésil vers le match pour la cinquième place. Le Brésil l’emporte 100-93 et Oscar Schmidt a marqué plus de la moitié des points de son équipe.

Lors du match pour la cinquième place, le Brésil retrouve les Grecs qui les avaient eux aussi battu en seconde phase de poule. C’est donc l’opportunité d’un nouvelle revanche qu’Oscar et le Brésil ont face à eux. Et comme face à l’Australie, la Mao Santa ne s’arrête plus de marquer. Il étrille les défenseurs Grecs en plantant 44 points et offre au Brésil une victoire de trois petits points, 97-94. Oscar peut savourer cette cinquième place dûment gagné. En deux rencontres, il vient de mettre 96 points. C’est un chiffre surréaliste qui va un peu plus le faire entrer dans la légende du jeu.

Oscar finit le tournoi avec une moyenne de 34,6 points par match ce qui le sacre meilleur scoreur de ces Championnats du monde. Rentré dans la légende des Jeux olympiques deux ans plus tôt, il laisse en 1990 une empreinte indélébile sur l’histoire des championnats du monde de Basket. Il jouera encore jusqu’en 2003 avant de se retirer à 45 ans. Membre des FIBA et Naismith Hall of Fame, et considéré comme un des plus grands joueurs de l’histoire, il aura le temps de devenir le meilleur scoreur de l’histoire des Championnats du Monde avec 843 points, ainsi que le meilleurs scoreur non officielle de l’histoire toutes compétitions confondues avec 49.737 points en carrière.

Parce qu’en fin de compte, c’est ce qu’Oscar a toujours su faire de mieux sur un terrain : mettre des points. Et c’est ainsi qu’on s’en souviendra.

Oscar Schmidt HOF
Oscar Schmidt lors de son intégration au Basketball Hall Of Fame en 2013

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